Diphtérie cutanée : 3 cas au retour des Comores - 20/11/21
Résumé |
Introduction |
La diphtérie est une infection contagieuse interhumaine liée à Corynebacterium diphteriae, bacille gram+dont l’incubation est de 2 à 5jours. Sa présentation classique est une angine pseudo-membraneuse. Ses complications systémiques sont liées à la présence d’une endotoxine. Sa déclaration est obligatoire.
Matériel et méthodes |
Un enfant choletais de 2 ans présentait, au retour d’un voyage familial aux Comores, une fièvre à 39°C associée à des lésions ulcéro-croûteuses des jambes. Deux frères saboliens de 8 et 4 ans présentaient après un voyage de 5 semaines aux Comores, une quinzaine de lésions ulcérées, fibrino-croûteuses et douloureuses des membres inférieurs, associée à des adénopathies inguinales. Les enfants étaient tous à jour de leurs vaccinations et n’avaient aucun antécédent. Un prélèvement local par écouvillon retrouvait une culture positive à C. diphteriae, associé à Arcanobacterium haemolyticum, Streptococcus pyogenes et Staphylococcus aureus chez l’enfant choletais et C. diphteriae et Streptococcus pyogenes chez un des enfants saboliens. Après envoi au CNR, l’identification moléculaire par PCR en temps réel confirmait la présence de C. diphteriae, avec une recherche du gène de la toxine négative. Dans les 3 cas, il n’y avait pas de symptomatologie ORL et les prélèvements pharyngés étaient négatifs. Un traitement par amoxicilline 100mg/kg 14jours a permis une rémission complète chez tous les enfants. Un isolement contact a été poursuivi jusqu’à l’obtention de 2 prélèvements (cutané et pharyngé) négatifs.
Discussion |
La diphtérie cutanée est liée à la contamination directe par des gouttelettes infectées ou par contact d’une lésion préexistante, favorisé par le portage asymptomatique cutané ou ORL. Elle se distingue par la présence de fausses membranes grisâtres et son caractère douloureux. Un écouvillonnage bactériologique, non recommandé en cas d’impétigo, s’avère ici indispensable pour le diagnostic. Le traitement étant similaire à celui de l’impétigo, l’enjeu réside dans le dépistage des cas contacts, notamment non vaccinés, ainsi que dans la recherche de la toxine, dont la présence impose une sérothérapie en plus de l’antibiothérapie. Tous les cas contacts, quel que soit leur statut vaccinal, doivent être dépistés par écouvillon ORL. Une antibioprophylaxie (amoxicilline 7jours ou aythromycine 3jours) est nécessaire si le cas index est ORL ou en cas de symptômes évocateurs. La vaccination protège contre la toxine mais pas contre une colonisation cutanée ou une infection ORL. Une mise à jour vaccinale doit être effectuée à distance car la diphtérie n’est pas immunisante. Grâce à la vaccination obligatoire, la diphtérie a disparu en France métropolitaine mais une recrudescence de cas, principalement cutanés, est observée depuis 2011 (69 cas). Ces cas étaient tous importés ou provenant d’outre-mer, en particulier de l’océan indien. Toute lésion ulcéro-croûteuse au retour de cette zone doit faire évoquer ce diagnostic.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Dermatologie, Diphtérie, Impétigo
Plan
Vol 1 - N° 8S1
P. A247-A248 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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